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Un chantier "grandeur nature" dans les via ferrata de la Drôme

Le Diois, au sud du massif du Vercors et autour de la pittoresque ville de Die, est un pays de falaises et de rochers. Un petit paradis pour les activités verticales. Dont une, qui a le vent en poupe car moins "élitiste" que l'escalade : la via ferrata. Pour découvrir les joies de la via ferrata, il suffit de ne pas être sujet au vertige, d'avoir une condition physique suffisante pour la difficulté du parcours, et un équipement adapté.

15 Octobre 2021

Accès sur corde et espaces confinés

Des équipements sous surveillance

La communauté de communes du Diois a ainsi créé, entre 2002 et 2004, quatre via ferrata sur son territoire, dans de magnifiques décors : la via ferrata de Chironne au col de Rousset, celle du Pas de l'Échelle à la Motte Chalancon, celle de la Berche à Lus-la-Croix-Haute et la via ferrata du Claps à Luc-en-Diois. Ces équipements sont bien sûr surveillés régulièrement. " Chaque printemps, avant la saison, les via ferrata reçoivent une visite de contrôle, réalisée pour nous par un cordiste indépendant " explique Marie-Laure Valla, chargée de mission tourisme pour la communauté de communes Pays du Diois. " Il vérifie les équipements métalliques, les ancrages, surveille les filets de protection qui se remplissent de pierres, fait de petites purges, et nous alerte si des interventions plus importantes sont à prévoir ". Car c'est à la comcom que revient la compétence d'aménagement des via ferrata, et donc la responsabilité d'entretenir ces aménagements touristiques.

Mais le risque principal n'est pas toujours là où on l'imagine. Il vient du support lui-même. S'il est en effet peu probable qu'un échelon métallique se descelle subitement du rocher, la falaise, elle, n'a rien d'immuable. Milieu mouvant, soumis à l'action de l'eau et du gel, il évolue continuellement. Des blocs se mettent à bouger. Que faire ?

" Les visites annuelles ont mis en évidence la nécessité de purges importantes. On a fait réaliser deux études, en 2017 et 2018, pour avoir un état des lieux précis et déterminer ce qu'il y avait à faire et où " précise Marie-Laure Valla. 
" L'identification des masses instables s'est faite uniquement par inspection visuelle " explique Eric Seguin, Chargé d'affaires pour GEOTEC-Lyon, le bureau d'étude qui a réalisé la mission, présent également lors de la réception du chantier avant la réouverture. " On descend en rappel dans la falaise, on recense les aléas, on hiérarchise, et on préconise les travaux à mener ".

Passer de risque "élevé" à "minime"

Résultat de cette minutieuse observation : un rapport avec photos référençant les "aléas rocheux" (autrement dit, les risques de chute de blocs) classés de "élevé" à "minime" - la catégorie "inexistant" n'étant pas réaliste, comme le nuance Marie-Laure Valla : "On est dans un milieu naturel, donc on ne peut pas écarter entièrement le risque. C'est un site aménagé dans une falaise, pas un parc de jeux sécurisé !"

L'étape suivante s'est déroulée au printemps 2021, sur la falaise. Un chantier de purges XXL nécessitant une fermeture par arrêté pour la durée des travaux. Les mairies avisées, la rubalise déroulée et les panneaux d'interdiction affichés, et c'est parti pour le grand chamboule-tout. 
Manu Alexis, cordiste intérimaire pour l'entreprise Eiffage-Resirep retenue pour ces travaux, a réalisé le chantier de Chironne et du Pas de l'Echelle. Des journées de travail plutôt sympa, les via ferrata se trouvant généralement dans des paysages magnifiques ! "C'était la première fois que je réalisais des purges sur une via ferrata. C'est beaucoup plus agréable que de travailler au-dessus d'une route, ou dans de l'urbain ! Il n'y a pas de bruit, pas de poussière, on est perchés en pleine nature… Généralement nous, les cordistes du TP, c'est ce qu'on aime !"
Objectif ? Repérer au moyen des photos les masses à traiter, équiper la falaise depuis le haut pour accéder aux zones instables situées au-dessus du parcours, et jouer de la canne à purge dans les fissures pour déloger tout ce qui menace de quitter les lieux… Perfo électroportatif, spits, cordes, canne à purge et EPI, voilà donc la panoplie du cordiste sur les trois via ferrata du Diois où les purges manuelles, réalisées au printemps, ont permis une réouverture pour l'été. 
"On a fait tomber des blocs gros comme des frigos. C'est assez impressionnant quand ça arrive à l'impact en bas !" raconte Manu Alexis. D'autres masses, pourtant visées, n'ont rien voulu savoir, et resteront sous surveillance, à leur place pour peut-être quelques siècles encore… 

Des vigies sur le sentier

 

La via ferrata de Luc-en-Diois prévoit également des travaux conséquents de confortement, cloutage de roche, forages pour l'installation de filets plaqués, donc plus typés "cordistes", et débutera en septembre pour au moins deux mois. Colin Jouffrey, chef de chantier pour Eiffage-Resirep, sait déjà quelle sera la difficulté principale, bien plus problématique que les éventuelles intempéries : "Il y a un sentier qui passe sous la falaise. Le problème ce sont les gens qui ne respectent pas les interdictions d'accès. Et il y en a toujours, rubalise ou pas ! Au col de Rousset, en plus des sept cordistes, on avait deux vigies postées sur le sentier en-dessous, pourtant barré, pendant les trois semaines du chantier." Pour les plus récalcitrants, les quinze premiers mètres de câble sont systématiquement démontés !
Bien revigorées après ce grand nettoyage de printemps, les via ferrata du Diois sont de nouveau accessibles aux pratiquants. À eux les joies de la verticalité et les beaux paysages de montagne. 
Manu Alexis confie avoir bien profité, lui aussi, de ce chantier "grandeur nature", entre les bivouacs dans son camion au milieu des champs de lavande, les touffes de gentianes bleu vif nichées en pleine falaise ou les fossiles d'ammonites sur les chemins d'accès… Le meilleur moment ? "Quand tu es là, plein gaz dans la paroi, et qu'un vautour passe tout près, juste à ta hauteur, en planant majestueusement… C'est grandiose."
 
Article rédigé par Anne Jankeliowitch

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